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Michel Risse

Multi-instrumentiste, électroacousticien, compositeur et directeur artistique de Décor Sonore, Michel Risse envisage la ville comme un espace d’invention pour ses compositions sonores. Il se nourrit des sonorités, des résonances, des harmonies des éléments naturels ou industriels composant notre quotidien urbain pour nous proposer une écoute du monde inédite. Ces réalisations singulières offrent une nouvelle perception de notre environnement sonore et réinventent notre rapport à la musique.

Né en Algérie vers la deuxième moitié du XXème siècle, il s’initie à la musique sur un premier petit harmonica découvert à l’âge de 4 ans dans un grenier, ainsi que sur le piano de sa mère qui, dit-on, est tombé (le piano, pas sa mère) dans le port de Marseille ; ce piano, devenu irréparable, devient un merveilleux terrain d’aventures sonores, un « piano préparé » en toute ignorance de John cage, bien plus riche et surprenant que le terne piano tristement accordé de son professeur.

Il construit aussi des sortes de guitares avec des boîtes à chaussure et des élastiques, avant de s’emparer de celle de sa sœur (la guitare, pas la chaussure), finit par détruire le petit magnétophone rapporté par son père, à force de tenter de le transformer en instrument (le magnétophone, pas son père).

Mais c’est au lycée que la perspective de faire de la musique toute sa vie (et de faire toute sa vie de la musique) va devenir une évidence. D’abord avec un premier groupe folk-rock dans lequel il joue des percussions et de la guitare, puis par une réorientation scolaire express pour obtenir un baccalauréat musique qui le conduit à la classe de percussions du conservatoire de Strasbourg. La proximité immédiate du Théâtre National et de l’Ecole d’Architecture favorise les croisements, les rencontres et les expériences multiples, et très vite s’offrent les opportunités de participer à des d’enregistrements de musiques de scène, à des spectacles, happenings et expositions.

C’est dès 1973 qu’il compose ses premiers « décors sonores », compositions électroacoustiques sur bandes magnétiques, non destinées à être écoutées en concert, pour les expositions de son ami le photographe Alain Willaume.

Il interrompt des études de lettres pour partir comme batteur dans un orchestre de danse, et c’est au cours d’une longue tournée au Maroc qu’il s’initie aux rythmes des Gnaouas et Ahuaches, remet en question les méthodes d’apprentissage européennes de la musique et de l’art en général, et commence à jouer enfin convenablement du jazz.

De retour en France, il s’installe à Paris, reprend ses études en musique à Paris 8 – Vincennes et continue son expérience musicale en compagnie d’artistes aussi divers que le groupe Herbe Rouge, Moondog, Vince Taylor, Angel Parra, Hélène Martin, le Grand Orchestre Bekummernis, Nicolas Frize… Il continue les expérimentations électroacoustiques avec diverses combinaisons et détournements de micros et appareils de reproduction pour en faire des appareils de production.

En 1978 l’album d’Herbe Rouge est enregistré à L’Oiseau Musicien, le studio du grand audionaturaliste Jean C. Roché. Celui-ci va le prendre en amitié et lui confier la prise de son et le mixage de disques de jazz, puis l’accueillir en résidence en mettant généreusement à disposition son équipement et surtout sa sonothèque, avant de lui confier une panoplie complète de coûteux microphones et magnétophones de reportage (qu’il s’efforcera de ne pas trop casser), avec la mission de rentrer à Paris collecter des sons et des concerts.

Ces expériences mèneront à la réalisation d’albums comme ingénieur du son indépendant et à la publication d’articles de vulgarisation dans des revues spécialisées, ainsi qu’à l’enseignement de l’électroacoustique au conservatoire de Gentilly, où il est également professeur de batterie.

En 1983 Pierre Sauvageot, compositeur et trompettiste du groupe Lô, cherche pour leur dernière création à faire circuler le son autour et à travers le public. Michel Risse réfléchit à une diffusion en octophonie et invente avec lui un spatialisateur totalement inédit. Ce sera le début d’une collaboration fructueuse à l’origine de la fondation de Décor Sonore.


Publications

« Si notre environnement sonore peut maintenant être considéré comme un paysage, alors comment qualifier le paysage sonore urbain ?
Une friche ? Un champ ? Une forêt ? Une décharge ?
Et au lieu d’abandonner cet espace public au profit des industriels et des publicitaires, ne devrait-on pas le confier, au moins un peu, à des artistes ?
J’abandonne donc la panoplie du compositeur pour préférer celle du paysagiste, et même du jardinier, un jardinier acoustique ; qui prendrait soin du paysage avec ses outils de musicien, d’acousticien, de luthier, de compositeur, certes, mais aussi d’arpenteur des rues, des places, des espaces publics, et des publics eux-mêmes, c’est-à-dire avec d’infinies précautions, toujours et d’abord à l’écoute de ce qui était là avant moi. »

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